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Le Livre
La Compilation
Les bénéfices de la vente de la compile seront reversés à FAZASOMA
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Notes
Enregistré au studio Le Pressoir par Lionel Arnal-Naya sauf « Plus ça va » et « Le p'tit bleu » enregistrés au Studio Rive-K par Charles Debouit. Mixé au studio Rive-K par Charles Debouit assisté de Jonathan Attard ( www.rive-k.com ) Sauf « Rien » mixé par Bérenger Nail ( www.lesousmarin.net ) Sauf « Haine » mixé au studio l'Oreille est hardie par Vincent Epal. Masterisé au studio Rive-K par Charles Debouit |
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03. Rien
J'ouvre les yeux, rien
dans mon lit,
rien
ma chambre vide,
rien
ni personne dans mon café,
rien
ma tête, mes envies, mes espoirs
rien
dans ma boîte aux lettres
rien
chez le dealer
rien
au bout du pinceau
rien
bon peut-être
je suis déjà mort.
Kébélu :
« A la lecture de « je suis là », le texte de «Rien» nous a tout de suite interpellé, par son rythme, sa simplicité. En quelques mots, on comprend l'état d'esprit dans lequel Mano a couché ces mots, ce sentiment de solitude, de lassitude.
La mise en musique s'est faite très rapidement, c'est un morceau très instinctif, direct, viscéral.
La première version durait moins de deux minutes et nous avions presque tout enregistré en une prise.
Dans le même temps, deux autres morceaux nous étaient venus , « plus ça va » et « les arbres » que nous avons aussi proposés a Mano, « plus ça va » est finalement devenu lui aussi un morceau qui nous tenait à cœur ainsi qu'au reste du collectif , nous l'avons jouée avec Charles a plusieurs occasions et finalement , l'envie de l'enregistrer s'est imposée a nous . »
Musique : Kébélu |
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04. Rien à foutre
Rien à foutre du bout du monde
poursuivi par le fantôme
d'une petite bien trop gironde
tous ces pays tropicaux et pluvieux
n'ont jamais réussi aux gars de ma banlieue
je ferai toujours un piètre touriste
je suis définitivement bien trop triste
putain de bordel de merde
jamais moyen de se perdre
mon île à moi est à Paris
et je m'y baigne dans son mépris
tellement salé tellement j'y pleure
putain j'ai mal au coeur
si loin si près de la douleur
et ta sœur reprennent les crabes en choeur
je bois du cognac pour changer du rhum
et là tout au fond ça grogne
et le cafard dérape sur la sueur
bonjour l'odeur
et le vent chaud et la pluie tiède
et je me sens beau et j'en crève
c'est pas ce soir que je saurai faire des sourires aux filles
la même histoire partout même aux Antilles
mais dans une chambre d'hôtel
la solitude est plus cruelle
je fume des clopes
je change de marque
je souffle et j'enfume les Blacks
je pense à toi ça fait dix ans
que j'ai pas vu sourire tes petites dents
que j'ai pas senti ton haleine fromage
et que tous mes sens sont en cage
hier j'ai rêvé tes yeux silence
comme tous les jours quelle engeance
et je remplis mes calepins
et je ronge mon frein
je déroule ma ligne
j'allonge mes rimes
à quoi ça rime j'ai mon rimmel qui coule
un pauv'con dans la foule
à qui tu dis même pas bonjour
quand il vient te voir au Tourtour
un pauv'con encore bourré
qui se couche encore déprimé
rien à foutre du bout du monde.
Romain :
« A l'époque ou je suis tombé ce poème, je commençais la guitare, et pour me faire les doigts, j'apprenais les chansons de Brassens. J'ai tout de suite aimé l'aventure racontée dans ce texte. L'histoire folle d'un gars qui, entrainé par un flirt au bout du monde, espère laisser derrière lui, les traces d'un amour indélébile, et qui se rend compte que ni la distance, ni le temps, ne l'effacera.
Ce n'est que plus tard, le jour ou j'ai eu l'explication sur la naissance de ce texte, que j'en ai réellement compris la force, même si ce jour là, il m'était raconté avec le sourire… »
Musique : Romain |
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01. Haine
Il y a des nuits de haine
où tout bascule
debout
tout nu à la fenêtre
à fumer
la tête en feu
devant le reflet dans la vitre
derrière laquelle tout le monde dort
pourquoi pas moi
Se coucher
le cœur battant
rempli de haine
contre le corps d'un ange
qui dort depuis longtemps
Il y a des nuits de haine
où quand vient le sommeil
c'est encore pire
violence et meurtre
toujours le même
il me faut son sang
pour me reposer demain
même si j'aime pas ça
Il y a des nuits de haine
mauvaises pour tout le monde.
Goane :
« Décembre 2004... un beau projet se concrétise. "Haine" la chanson que nous avons composée est choisie par Mano pour faire partie de l'aventure "Je suis là".
Ce fut le début d'une aventure riche en rencontres, en échanges.
Goane est à cette époque en pleine période de concerts suite à la sortie du premier album.
Nous avons appris beaucoup au côté des artistes que nous avons croisés durant ces quelques années, et nous nous sommes engagés dans la création d'évènements pour le collectif ( Festiv'là, soirées compiles... ) qui s'avèrent aujourd'hui bénéfique dans la suite de notre carrière artistique.
Mano Solo a toujours fait preuve d'une immense générosité et a partagé son expérience avec nous à maintes et maintes reprises durant toutes ces années.
Si aujourd'hui le projet Goane est terminé, il nous reste cette chanson : Haine, ce collectif, et tous les souvenirs. La sortie de la compilation est l'aboutissement d'une très belle aventure.
Aujourd'hui si les membres du groupe Goane ont pris des chemins bien différents et divergents, nous, Barbara et Stéphane, les deux compositeurs de Haine, sommes toujours présents au sein du collectif, et avons tenu à porter ce projet jusqu'au bout aux côtés de tous les autres membres (compilos et graphicos).
Avec un engagement toujours actif au sein du collectif depuis le départ, nous soutenons aujourd'hui - en plus de l'importance qu'à ce projet à nos yeux - de tout notre cœur l'association Fazasoma à qui seront reversés les bénéfices de cette compilation. »
Musique : Barbara Latka, Stéphane Jaboin |
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05. Têtards
Deux corps allongés
se parlaient en silence
mot par mot
sans se toucher
te souviens-tu dit l'un
on était frères et on se battait avec furie sans se faire mal
je me souviens dit l'autre
je me souviens
et ils se turent la nuit était fraîche
et impassible
et veillait les deux corps étendus
comme deux lacs immenses et calmes
dont on devine les remous vaseux du fond
où l'écrevisse religieuse sans pitié
tronçonne les têtards handicapés
tout au fond l'eau était rouge
mais dans le noir on ne voyait rien
deux corps étendus
fanures de nénuphars sur le reflet bleu corbeau
qui fuie le petit matin.
Sam Gratt :
« La première fois que j'ai lu ce texte, il m'a fait penser à deux frères, deux amis, deux âmes sœurs qui se battent comme deux gamins. Je me suis revu gamin avec une amie d'enfance au bord des ruisseaux ou près des étangs à essayer de capturer des têtards ou des écrevisses.
On jouait à cache-cache dans les mottes de foins et, en écoutant bien la chanson vous pourrez nous voir, allongés au bord de l'étang, à regarder les nuages et à se parler des heures en se disant que nos parents allaient râler parce qu'on rentre tard.
Et puis on grandit, on se croise des années plus tard, on a des enfants, une femme, un boulot, on est plus tout à fait le même.
Mais au fond on se souviendra toujours. »
Musique : Samgratt |
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07. Le Petit Bleu
Je connais trop bien le petit bleu
du petit matin,
la dernière cigarette
qui sera pas la dernière
va en falloir de la fumée
pour fermer mes yeux
j'irais bien faire un tour, mais,
elle est sûrement pas là
la femme de ma vie
encore moins sur ce trottoir
et certainement pas à cette heure-ci
et pour un peu qu'elle y soit
j'aurai peur si elle me parle.
Romain:
« Dès la premier lecture, j'ai adoré ce texte.
Le petit bleu est un poème universel. Combien d'hommes et de femmes dans le monde, sont ou seront , à l'aube, en train de le vivre?
Je ne sais pas, mais je sais que parmi eux, parfois, je suis là, solitaire, passant des nuits blanches, fumant clopes sur pétards, à espérer sans trop y croire. J'ai toujours été comme ça,. Ce texte est venu me dire que je n'étais pas seul… »
Les chœurs sont assurés par d'autres membres du collectif: Isabelle Soulié (maman de Mano), Anna, Nathalie et Vincent Briffaut. |
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02. Le Vieux Tableau
Il se mettait la tête en bas
pour avoir plus de couleur
Il racontait une histoire,
une histoire très longue et très triste
Une histoire de combat et d'amour,
Une histoire qui faisait fuir les acheteurs
et pleurer les chiffonniers
Un vieux tableau tatoué
Essayait de se vendre
Au marché aux puces
Son vieux cadre épuisé par tant de contorsions
Rendit l'âme en demandant pardon
Un clochard compatissant se proposa de suite
Pour l'incinérer
Le soir venu, pas vendu, après deux trois picons bière
Le vieux tableau rentrait chez lui
Et il disait à ses enfants, rouge de honte,
Qu'il n'avait toujours pas trouvé de travail
Charles :
« La première fois que j'ai lu « le vieux tableau », c'était dans sa version destinée à Juliette Gréco. Mano avait en effet déjà lui-même voulu en faire une chanson. Il avait remanié le texte original du recueil pour le proposer à la muse de Saint-Germain. Malheureusement Gréco ne chantera jamais cette chanson.
Quand le projet de compile fut lancé, mon choix s'est naturellement porté sur ce texte qui, comme le vieux tableau, n'avait pas réussi à se vendre. J'aimais beaucoup ce qu'il racontait et l'ambiance qui s'en dégageait. Et sa lecture était facile, le poème était déjà découpé au format chanson. Il n'y avait plus qu'à l'habiller musicalement, les parties couplets/refrains étaient déjà évidentes.
Pour moi, le poème du vieux tableau est le plus joli du recueil de Mano. »
Musique : Charles Debouit |
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06. Vitry Sur Seine
À Vitry sur Seine en haut d'une tour
tout en haut de la poussière
pas vraiment la misère
y'a un truc qui palpite
y'a un truc qui vibre
un ptit corps tout frêle et tellement puissant
un petit sexe tout mouillé et des grand yeux secs
ça aurait pu être le contraire
ça aurait pu n'être qu'une tête dans une forêt de fenêtres
qui regarde en bas avec envie
ça aurait pu mille clichés
mille histoires déjà vécues
mille passés moites sans futur véritable
et des envies trop folles pour y croire vraiment
mais rien de tout ça
à Vitry sur Seine
je suis monté là haut
sans trop y croire
de la mort plein les poches
les yeux pas bien ouverts
doucement dans la gueule j'ai pris la leçon
celle que l'on donne aux petits bourgeois comme moi
comme une fessée attendrie
derrière une façade raffalée
j'ai senti avec mon nez touché avec les doigts
écouté avec le cœur un truc très simple que j'avais oublié
à Vitry sur Seine
en haut d'un bloc blanc crémeux
sous une tignasse brune taillée
à coup de pétard
j'ai rencontré la vie.
Farfade :
«Le choix d'un texte dans le recueil de Poèmes de Mano n'a pas été quelque-chose de simple.
Il y a ces textes qui vous touchent vraiment, mais je voulais garder en tête l'objectif qui avait été fixé : transformer un de ces poème en chanson.
Un beau texte parlé, n'est pas forcément un texte qui va faire une belle chanson. Je voulais un texte rythmé duquel pouvait se détacher la structure couplet/refrain d'une chanson rock. Mano nous a donné la force de ses textes, je voulais apporter ma touche et mes influences rock français et ne pas tomber dans une caricature de "nouvelle chanson française" acoustique.
Avec Vitry, j'ai trouvé ce texte, à la fois fort, urbain, écorché et un peu provoc', bien adapté au registre rock et avec une structure déjà posée et une sonorité presque évidente. »
Musique : Raphaël Thébaud |
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08. Et plus ça va
Alors je rentre chez moi
ça fait longtemps maintenant
que j'ai perdu mon chien
alors dans ma tête je cherche quelqu'un
à qui je pourrais tout expliquer
expliquer quoi ?
que l'on naît tous seul
et que plus ça va
plus ça s'arrange pas
en choper un ou plutôt une
laisser se déverser la rancune
lui voler tout ce qu'elle croit maigre fortune
je ne suis pas plus riche de cet espoir volé aux femmes
j'aurai beau m'en peindre et m'en badigeonner
la face comme un clown dans sa loge
j'aurai beau m'en foutre des tonnes
le vicieux burin
de la vérité
d'un coup viendra tout exploser
alors les éclats blessent autour de moi
Kébélu et Charles
Charles et les Kébélu se sont réunis pour faire cette chanson. Une rencontre et une musique comme pour dire une dernière fois à Mano, « on est là, et on continue ». De la chanson française à texte portée par l'émotion d'avoir dû achever la compile sans Mano…
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Merci.
Indépendamment de l'immense gratitude que nous devons à Mano Solo, nous tenons à remercier Fatiha Bendahmane, Fabrice Gratien, Daniel Jamet, Régis Gizavo, Alain Pewzner, François Vachon et son studio Le Pressoir, le studio Rive-K, le studio l'Oreille est hardie, Giovanny, Bérenger Nail, Christophe Drigon, Bayrem Ben Amor, Vincent Epal, Jean-Alain Roussel et Elsa Fourlon. Un remerciement spécial à Isabelle Monin-Soulié, notre Big Mama à tous, à Nathalie Briffaut et à son époux Faipel dit «le piaf» pour leur fidèle présence, leurs conseils et leur diplomatie! Le collectif, c'est aussi beaucoup de coups de mains, de coups de gueule et de coups de coeur avec ceux qui nous ont accompagnés pendant un bout de chemin. Une pensée amicale pour ceux qui ont participé à l'aventure un jour ou l'autre… Nicolas Rossi dit Le Clown, Anne-Claire Wolff, Fanny Pouedras, Joffrey Vanzwaelmen, Anna D'Annunzio, Frédérique Braëm, Denis Peaudeau, Marie Lecuyer... et tant d'autres que nous ne pouvons pas tous citer faute de place !
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