Pour Léo
Assis au bord d'un lac,
Un enfant libellule,
farfouille dans son sac
où ses rêves pullulent.
Il prend sa canne à pêche,
n'y met pas d'hameçon,
Léo est né revêche
à toutes les leçons.
Il a au bord des yeux
un monde fait de dunes,
de châteaux merveillleux
accrochés à la lune.
Voici un an déjà
Qu'il a pris ce repère
pour y vivre tout bas
au rythme des Chimères.
Du haut de ses dix ans
Léo sait tant de chose
que déjà dans son chant
quelque chose s'oppose.
À l'école un copain
l'a nommé libellule
mais Léo s'en fout bien :
il joue de la virgule.
Dans son cahier bleu
il met des mots, de l'encre,
et il s'évade un peu,
et il relève l'ancre.
Sur de grands voiliers
il parcourt cette terre
où presque fous à lier
les hommes manquent d'air.
Léo sent bien tout ça,
à rêver, à écrire,
il sent bien que tout va
commencer à mourir
mais il est si petit...
peut-il vraiment nous dire
que l'on se noie ici
à force de subir ?
Quand les autres enfants
sont maintenus en classe,
Léo reste et entend
palpiter tout l'espace.
Il aura, Liberté,
Goûté ta voix lactée
à l'âge des colliers
Serrés sur la trachée.
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