Pas du tout content. Y'a pas à dire,
la ville me dégoûte, la campagne m'accable et le funiculaire
m'énerve. Je ne vais pas bien ni mal, ni rien. Le ciel est lourd,
gris et froid. La terre grasse, boueuse, boudeuse.
Les arbres me cernent comme des
araignées épaisses, mon cœur est de plomb, ma tête vide et le
monde qui passe est un flot de fantômes, bruyants et plaintifs, les
femmes grimacent, les hommes grincent et les enfants aboient.
Les rues sont longues comme des
labyrinthes décousus.
Je vais aux Amériques prendre congé
des suffisances du coin. J'ai pris un ticket dans la zone du tripot.
Je vais partir demain pour San Francisco, le paquebot que j'ai choisi
est beau comme un souvenir évanoui.
En attendant le départ, les lumières
portuaires me tombent dessus de leur crachats de néons.
Les grues métalliques dessinent leur
ombre grossière sur les quais désertés.
Elles sont des squelettes gris qui
résistent par couches de peintures sales à l'air malin et salin.
La mer enveloppe d'iodes les antipodes
du monde.
Voilà le jour, l'aube crue, je suis
debout sur le bord du pont qui jette ses cris d'oiseaux pêcheurs,
qui piquent de stridences le voyage aigre-doux de la navigation.
Les oiseaux impolis glacent de leur
folies ma pensée percutée, comme des marchandes pompeuses sur des
marchés pleins agrippent de promotions éhontées le touriste ébloui
dans la foule.
Le navire va partir comme un espoir
lancé. Glacis de blancs et d'écoutilles dans le vent barbare et
chuintant. Le ciel n'a plus de nuage bêtement dégagés du ciel par
un vent frais.
Les vagues crémeuses et aigrelettes
postillonnent sur le pont et tracent une salinité outrecuidante.
Partir, partir, c'est déjà ça dans
ce monde si rond. Je me fous des airs butés et des gesticulations
graves. Vivre c'est pas beau, c'est tout !
Pas vu d'étoiles depuis une éternité,
le mal de mer me crève et la musique du moteur me vomit dessus.
J'ai vu des gens heureux, tout à
l'heure sur le ponton des nantis, j'ai pas cru !
Hallucinations mon cher Hector me suis
je dit !
Et punaise le cafard me prend comme une
pieuvre acide !
Je l'ai trompé par un briquet, je me
suis fait des vertes espérances, j'ai brûlé un bout de peyotl, la
plante Huichol, le champignon qui chante !
Commentaires
bonne année Hector ! ;)
ven, 02/01/2015 - 10:43 — FoxEt oui... il y a des hauts et des bas, c'est la marée qui veut ça mon cher hector !
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