La neige

La terre s'enneige sous une couvée de
flocons et la brume sort des contreforts de la forêt blanchie.

Venant des environs de vieilles
contrées pleines d'histoires et de traversées, on peut y voir des
papillons noirs évadés de mondes fermés.

La vie secourable se fond d'envols
ainsi cristalline d'espoirs.

Ils prennent allures dans les altitudes
ou tout flotte.

Forces de la nuit, ils savent s'ébattre
dans les ombres.

La neige se repose sur des morts
qu'elle ensevelie en beauté.

La brume se faufile dans une teneur de
fantôme.

Les flocons désinvoltes glissent dans
l'air avec une insouciance enfantine.

Les arbres s'en font des bouquets sur
leur branches nues, ils s'en habillent.

Les silhouettes d'hivers sortent en
sentinelles espiègles qui jouent les absents dans l'étendue des
tenues blanches.

La rivière s'est masquée, elle a
disparue sous le gel.

Du bleu s'accoude dans mes rêves.

Je dors dans un souterrain inédit,
c'est mieux pour le chaud des sentiments.

Je marche dans la nature prise. Elle
est jolie d'être pleine.

Son silence prenant me récite de la
sympathie dans mes froides oreilles accoutumées aux balivernes. Cela
pousse dans ma tête des pensées loufoques dans cet endroit.

L'air est transparent, vif et beau.

Je suis un rempart d'obscurités qui
transporte des peurs personnelles.

La nappe du brouillard me rejoint dans
une montée. Elle est aimable et mate. Je la respire comme un alcool
des hauteurs.

Bientôt avec des pas de précautions
je vais atteindre la ruine qui se cache dans l'étourderie de ce
lieu : C'est une forteresse morte.

Noyée d'épaisseurs blanches elle ne
dit plus rien aux gens d'ici.

N'y reste qu'un murmure lugubre, une
agitation discourtoise.

Une flopée d'âmes en pannes se
plaignent.

Elles se glissent au-dessus des ronces
avec une présence sombre.

J'écoute dans l'humide teneur ce que
la nature goutte à goutte confie aux êtres perdus :

C'est du n'importe quoi soyeux...

ça rentre dans le compost du monde.

L’hiver s'éclaire de gris, d'ombres
et de fumées.

Effarements, songes et batailles
s'oublient dans ce temps arrêté de blancheurs.