L'air est frais, le cœur en glace. Il
marche. Une fatigue encore plantée en lui. Elle s'oublie vite dans
les bourrasques d'un dehors si vif. C'est le vent qui claque la
liberté qu'il porte en lui.
Et tout le boueux, le confort de trop,
le chauffage central qui l’imprègne, se dégage à chaque pas
qu'il lance comme un saut d'ange, un élan de bête, une chute
humaine. Le souffle lui donne une tête d'heureux. Dans la nuit il
trace des songes dans une course qui le détend.
Tout ça annule des années de
torpeurs. Il marche comme un idiot libre, lui manque juste la bave en
bouche pour le rendre pleinement suspect d'un bonheur fulgurant. Il
marche avec un cœur de fou, un corps de pantin et un génie de
délires.
Il marche dépasse la zone, la
grisaille des nuits d'ici, où les rats, les chats, les putes ont
tous la même couleur des lieux où l'espoir est une noix brisée, un
choc dépassé, une lueur disparate à peine aperçue, un souvenir
encombrant...
Il y a bien des lampadaires mais si
blafard, si cafardeux qu'ils éteignent en vous tout envies de vivre,
c'est un monde de néons qui vous noue les tripes, vous déchire le
cœur, vous noircit l'esprit et vous cloue sur place comme des
poteaux d’exécutions.
Ils n'éclairent que des mornes
habitudes, des amours mal vécus, des passes sordides, des trafics
minables et des discussions infinis qui se fondent dans l'aube.
Lui sait cela de toute une époque, des
choses entendues de trop prés et qui vous effraie à ne pas croire
vos sens.
Et il est sorti de la palissade, du
quartier peint uniformément comme une caserne civile.
Il est seul, bien pris dans sa
dynamique, et deux, il est deux avec le vent qui le porte comme un
étendard d'une âme présente, un corps qui vante la beauté d'être
dans la nuit qui essuie en lui toute la mélancolie des vies qui se
vident.
Il file il bondit, jeté par le vent
qui l'aime, il traverse des rues, des trottoirs, des ambiances.
Dans son avance, des idées de jours se
frottent à lui dans le contre jour des ombres, l'espace de silence
qui séduit.
Revient en lui et dans un sourire le
son des klaxons, le bruit des moteurs, et les coups de gueules que le
jour fait naître sur le boulevard des bousculades.
Il dit rien, c'est novembre, et la nuit
est belle !
Bien claire, si ouverte que la lune est
lumineuse comme une étoile de secours au relief plein.
Pour le coup, elle est jaune comme un
soleil doux, sans prétention que faire un peu de feu dans le cœur
des humains qui s'enlisent dans une terre aride, c'est un phare de
terre qui dans le ciel revigore la pensée des hommes rongés.
Cette lumière visite la basse ville
qui voit si peu cela...
Commentaires
on pourra rien lui reprocher, à part sa vérité
mar, 10/06/2014 - 16:55 — Foxblafard, si cafardeux qu'ils éteignent en vous tout envies de vivre,
c'est un monde de néons qui vous noue les tripes, vous déchire le
cœur, vous noircit l'esprit et vous cloue sur place comme des
poteaux d’exécutions.
Ils n'éclairent que des mornes
habitudes, des amours mal vécus, des passes sordides, des trafics
minables et des discussions infinis qui se fondent dans l'aube.
Lui sait cela de toute une époque, des
choses entendues de trop prés et qui vous effraie à ne pas croire vos sens."
:)
Je crois aussi qu'il marche la nuit en espérant que bientôt les ampoules à ses pieds finissent par s'allumer dans un grand feu de joie.
Mais souvent il pleut,
En novembre comme en juin,
Et dans un coeur en glace
La pluie ça fait tout fondre,
À s'en confondre avec les ombres en flaque.
Mais un pas
Plus un pas
Il a beau savoir que ça revient toujours au même endroit, que ça fait juste le tour de soi, il se dit qu'un pas plus un pas, ça doit mener là-bas, sur la lune, là où la thune on la détourne à la Robin des bois pour la refiler à plus pauvre que soi.
Il sait qu'il y a toujours plus pauvre que soi, en thune hein... parceque la richesse du coeur ne s'indexe pas encore au PIB...
Ouais je le connais ce Il
Il a sa vérité dans les mains
Qui palpite sur son chemin,
Quelle que soit la ville,
Il rêve et roule sa bille,
On pourra rien lui reprocher
Sauf de marcher de l'autre côté du miroir,
Avec son coeur de glace oui,
Tranchant dans l'absolu,
Aimant sans être vu,
Passant dans une rue,
Une voie sans issue
Où il s'est reconnu.
C'est toi
C'est moi
C'est eux,
Ceux qui ont sur le coeur un rêve trop fiévreux,
Et cachés au fond d'eux
De profonds océans
Où naviguer un peu
Les jours de mauvais temps.
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