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REVUE DE PRESSE

LE CAS LIBERATION, POUR TANT D'AUTRES.
Dernier acte

Apres une campagne de pression internet, Libé se decide enfin presque trois semaines plus tard à publier le droit de réponse demandé au sujet de l'article odieux de Ludovic Perrin. Comme prevu le DDR ne passe pas en entier et les coupes faites (ci dessous en rouge) nous demontrent bien des choses! Déjà le titre change de "L'exclusion positive" il devient "Un SIDA comme exclusion positive" Comme si le titre en lui même n'était pas assez accrocheur, il lui manquait evidement cette precision qui ne veux rien dire, mais le mot SIDA en presse sert surtout à attirer le client. Quand on le met pas, il le rajoutent!
Plus loin ils coupent la partie où je dis que oui si j'ai parlé de sida au Nouvel Obs c'était pour demander qu'on me lache la grappe sur le sujet. Apres avoir enlevé ca, Ludovic Perrin ose citer cet article dans sa reponse en en citant evidement le seul bout qui puisse arranger son discours! On croit rêver devant tant de foutage de gueule (lire ci-dessous).
Apres ils sucrent le fait que ces chansons aient été écrites pour Juliette Greco, ce qui évidement en change l'abord qu'on peut en avoir, ce que en bon journaliste il aurait du savoir. Il devenait évident que je n'allait pas faire du pur Mano Solo bien mechant pour une femme de 75 ans, et c'est là-dessus qu'aurait dû porter une critique digne de ce nom. Mais pour ca faut écouter plus que 30 secondes de chaque morceau avant d'ecrire son torchon.
Ensuite ils sucrent le passage où je dis que c'est eux qui ont besoin du sida pour écrire et pas moi, et dans le même temps, nous prouvent illico combien j'ai raison quand on retrouve le mot SIDA dans un titre où il n'était pas...

J'espere que cette petite demonstration vous aura plu. :)

Le droit de réponse, en rouge les parties sucrées par Libé.
L'EXCLUSION POSITIVE

Un homme malade n’est-il qu’un homme malade ? Ne peut-il n’être rien d’autre ? À en croire la presse française et plus dernièrement L.Perrin, la réponse est oui. Quand un malade entre dans la pièce, c’est un malade qui entre, pas un homme, accessoirement malade. Quand c’est un malade qui parle, bin c’est forcément une parole de malade, pas une parole d’homme. Alors quand un malade chante, bin forcement il chante sa maladie. Point, y’a pas à chercher plus loin. Après il peut raconter n’importe quoi, on s’en fout. Nous on sait qu’il est malade, hein, il va pas nous la faire à l’envers.
Vous savez quoi ? Bin il en peut plus le malade. Vraiment là il en a trop marre. Il est quand même content d’apprendre de la plume d’un journaliste qu’il est tiré d’affaire, lui n’était pas au courant, ses médecins non plus d’ailleurs, bonne nouvelle finalement ! Vive la presse ! Vive la presse qui fait croire aux gens qu’on ne meurt plus du sida… Mais le malade se demande quand même comment fait-on pour étaler la vie des autres si mal, avec autant de voyeurisme et de vulgarité, il se demande si le rôle de la presse est vraiment de se cantonner dans la délation gratuite de tout et de rien, et a tous propos.
Je suis un type extraordinaire, capable de ramener n’importe quel journaliste sérieux au niveau du pigiste de base, de la pire des presses à scandale. Il y a plus de dix ans que je n’ai pas parlé de sida aux journalistes. La dernière fois c’était dans le Nouvel Obs pour expliquer aux gens qu’il était temps de me lâcher la grappe sur le sujet. Que non, mon œuvre n’était pas celle d’un sidéen. Que oui j’en ai parlé dans la chanson « C’est pas du gâteau », mais qui a écouté que cette chanson ne parle pas de sida, mais du désir de faire un enfant ? Faut croire que personne. J’ai publié depuis plus de 80 chansons, je défie Ludovic Perrin de concrètement y déterrer un discours quelconque sur le sida. J’ai effectivement souvent travaillé sur le thème de la mort, mais un jour un journaliste m’a dit que Brassens avait fait en tout, une cinquantaine de chanson sur la camarde, l’a-t-on appelé « le chanteur de la mort » ? A-t-on vu toute son œuvre à travers le prisme de sa peur de mourir ? Certainement pas. Mais, ah, le sida c’est différent. La machine à fantasmes des années 80 n’est pas si loin. On est tout prêt à oublier tout respect pour l’individu. Petit on n’a pas le droit de montrer les handicapés du doigt, alors on se venge plus tard en se faisant journaliste…
Si un jour j’ai pu dire à un journaliste que oui, j’avais le sida, c’est parce que oui, et alors ? Ce que je démontre par ce cheminement c’est une exclusion positive, car le journaliste lui ne va plus retenir que ça. Ça fait dix ans qu’il tombe dans le piège. J’ai beau lui dire mille fois que le sida n’a rien a voir dans ce que j’écris, j’ai beau chanter mille mondes différents, le journaliste ouvrira son article sur un rapport de mon état de santé présumé. Comme Le Pen il veut absolument que ce soit marqué sur ma carte d’identité. Il ne se rend même pas compte de ce qu’il fait. La plu part du temps il a pourtant envie de dire du bien, mais ne peut s’empêcher d’introduire de sa délation, m’enfermant dans une identité que je n’ai jamais revendiquée. Surtout il ne me laisse aucun choix, aucune liberté. Comme je n’en parle pas, il en parle à ma place. La presse a tant et si bien gonflé le sida de Mano Solo, qu’elle même en est venue à croire que c’était mon fond de commerce. Pourquoi tu dis pas carrément « Putain Mano depuis qu’on dirait qu’il a plus mal nulle part, c’est devenu de la guimauve son truc. Ce qu’il est long à mourir ce type… », Ludovic ?

Moi ce que je vois c’est qu’un type qui a le sida bin il a pas le droit d’écrire des chansons pour Juliette Greco et de finalement les chanter soi-même. Que cette info a du t’échapper à propos de cet album… Pour toi c’était clair, un sidéen ça doit raconter des histoires de sidéen, sinon c’est pas intéressant. Un sidéen ca doit être marqué au fer rouge, cette information est absolument indispensable à toute oreille susceptible d’entendre ses chansons. Escuse-moi Ludovic mais là je ne vois que délation voyeuriste, vulgaire et gratuite. Je ne vois que facilité journalistique, mépris total d’un individu. J’appelle ça l’exclusion positive. La presse me nie le droit de vivre sans l’étiquette du sida sur le front. Quoi que je fasse on me ramène au même endroit. Je suis désolé Ludovic, je sais j’aurais dû mourir jeune comme James Dean ou Cyril Collard, là tu aurais avec tous les autres, fait de moi un mythe éternel. Bin ouais mais tu sais y’a que la presse pour avoir rêvé ça, parce que le public lui, depuis dix ans dans la salle, il voit bien chaque jour que je suis pas venu pour lui claquer dans les pattes. Il a des oreilles, lui, et il comprend bien que je lui parle de bien des choses. Que je ne suis pas un sidéen mais un artiste, un musicien, un chanteur dessinateur sur scène, qui crée des images en couleurs musicales. Un homme, quoi.
Finalement, que j’ai le sida ça a l’air d’être plus votre problème que le mien. Bin gardez-le et me faites pas chier avec, journalistes ! Si vous n’aimez pas mes chansons, argumentez, mais que vient faire le sida là-dedans ? À qui est-il le plus utile ? À vous ou a moi ? Mon sida ? Oui il est bien là messieurs, mais chaque jour c’est vous qui le réinventez, c’est vous qui vivez avec, bien plus que moi. C’est vous qui allègrement en badigeonnez mon œuvre à grands coups d’éditos. Pas moi.


Mano. 25/09/04